La Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) s'est renouvelée pour sa 27e édition. Encore peu prises en compte dans le monde du travail, les personnes invalides se heurtent à plusieurs stéréotypes et invisibilisations. L’occasion pour Décideurs RH de faire un état des lieux sur leur situation.

La diversité et l’inclusion sont des enjeux majeurs pour les entreprises d’aujourd’hui. Bon nombre l’ont compris avec l’aide d’associations et de projets, comme la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. Visant à sensibiliser les entreprises au recrutement de personnes invalides, la SEEPH permet de s’interroger sur les différents dispositifs mis en place pour faciliter leur insertion aux quatre coins de la France avec des événements participatifs entre entreprises et demandeurs d’emploi.

Handicaps : de quoi parle-t-on ?

Qu’il soit visible ou non, le handicap se répertorie en plusieurs types.

L’invalidité la plus connue – car la plus visible – est le handicap moteur. Elle limite partiellement ou totalement les fonctions physiques d’une personne et peut être causée par un accident, des troubles cérébraux, des articulations, des nerfs moteurs ou des troubles physiques douloureux. En France, plus de 1,5 million de personnes sont touchées. Quant à lui, le handicap sensoriel s’attaque à un ou plusieurs sens. Il se caractérise le plus souvent par des incapacités auditives ou visuelles. Par ailleurs, une différence est à noter entre les personnes sourdes de naissance, qui communiquent par la langue des signes, et les personnes devenues sourdes au cours de leur vie. Il existe plusieurs types de surdité : légère, moyenne, sévère ou profonde. La plupart du temps, le handicap sensoriel crée une barrière pour communiquer.

Dans certains cas, le handicap mental peut être visible, comme pour les personnes atteintes de trisomie 21. La pathologie peut entraîner des difficultés de réflexion, de décision et de communication. Cette anomalie chromosomique concerne plus de 50 000 Français.

Les handicaps invisibles : une lutte pour qu’ils soient pris en compte

Parmi les formes d’invalidité, 80% d’entre elles ne sont pas visibles.

Dans l’état actuel des choses, la forme de handicap la moins visible est le handicap psychique, qui se traduit par des changements d’humeurs pouvant affecter le comportement d’une personne et qui regroupe les troubles schizophrènes, bipolaires, borderline, la dépression et l’anxiété. Plus de 70% de la population se heurte, au moins une fois dans sa vie, à l’un de ses troubles.

Parmi ces handicaps invisibles, certains impactent le physique, dont l’endométriose qui touche plus de 1 femme sur 10, le diabète, l’asthme, les troubles musculosquelettiques. Et d’autres touchent certaines facultés et demeurent tabou comme les troubles dys (dyslexie, dyspraxie, dysphasie), qui, y compris à l’école, sont parfois mal compris et peuvent conduire à un isolement.

Seulement 38% de personnes handicapées sont actives

Selon l’INSEE, 24% de la population active française entre 15 et 64 ans est en situation de handicap. En fonction de la forme qu’il prend, le handicap est plus ou moins bien appréhendé.

Malgré une tendance à l’inclusion du handicap au travail et dans la réflexion sociétale, de nombreuses inégalités régissent encore le monde du travail. En 2022, la Dares affirmait que le chômage des personnes invalides était deux fois plus élevé que celui des valides, avec seulement 38% de personnes handicapées actives. Cet écart s’explique d’abord par le manque de formation initiale : aujourd’hui, une personne handicapée sur deux a un niveau inférieur au brevet, et à peine 1% d’étudiants handicapés sont dans le supérieur, selon le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche : des chiffres alarmants sur la mission d’égalité des chances qui est celle de l’éducation. Pour les recruteurs en quête de diplômés d’un bac+2, c’est un vivier manquant, qui doit faire l’objet d’une réflexion aux échelles de l’Education nationale, des entreprises et plus globalement, des représentations.

Les freins à l’intégration des personnes handicapées

Le principal obstacle à l’intégration professionnelle des personnes handicapées est justement le manque de connaissance des recruteurs sur le sujet. Trop coûteuses, pas assez présentes ou attentives... plusieurs idées reçues sanctionnent les personnes handicapées. Interrogés par Ipsos en 2014, plus de 80% des DRH estiment que l’embauche des personnes en situation d’invalidité est "tout particulièrement difficile pour les petites et moyennes entreprises dont les dirigeants ne savent pas à qui s’adresser compte tenu de l’atomisation du monde du handicap avec sa multitude de petits acteurs".

Où en sont les entreprises ?

Ces dernières années, les entreprises ont fait des progrès en termes de recrutement des personnes en situation de handicap. Selon l’Agefiph, en 1987, seulement 300 salariés handicapés étaient maintenus dans l’emploi, contre 21 000 en 2021 : une hausse qui s’explique par l’adoption de lois en faveur de l’intégration des personnes invalides dans le monde du travail, comme celle du 11 février 2005. Axée sur l’égalité des chances, c’est également cette loi qui a permis la création de la MDPH (Maison Départementale Des Personnes Handicapées), grand soutien pour les personnes en situation de handicap et pour leur famille.

Pour favoriser leur inclusion, depuis 1997, les entreprises françaises comptant plus de 20 salariés sont dans l’obligation d’employer au minimum 6% de personnes handicapées, sans quoi elles devront payer une contribution annuelle. Selon l’entreprise concernée, la contribution OETH (Objectif d'emploi des travailleurs handicapés) varie. Le calcul se fonde sur le nombre de bénéficiaires manquants et le barème par taille de l’entreprise. Ce montant peut aller jusqu’à 1 500 fois le Smic horaire. Une incitation qui fait, peu à peu, bouger les lignes : en 2021, une étude de Malakoff Humanis affirmait que 72% des entreprises de 10 à 49 employés (et 100% des entreprises de plus de 250 salariés) employaient des travailleurs handicapés.

L’insertion des personnes en situation de handicap est aussi un réel défi pour les institutions étrangères qui, à l’instar de la France, adoptent un accompagnement sur le long terme avec, par exemple, au sein de l’Union européenne la stratégie relative aux droits des personnes handicapées 2021-2030.

Lisa Combe

Illustration de couverture : storyset sur Freepik 

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